Récession parodontale

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A RETENIR :

  • La récession parodontale est une rétraction des gencives aboutissant à l’exposition de la racine dentaire en bouche.
  • La récession parodontale n’aboutit pas à la perte de la dent, mais peut engendrer des problèmes tels que sensibilités, érosion de la racine et même caries de la racine.
  • La récession parodontale peut avoir de multiples causes, le traitement peut inclure une greffe de gencive, mais doit aussi prendre en compte les causes (tartre, brossage traumatique…).
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Récessions parodontales

La récession parodontale est une rétractation des gencives : la définition scientifique de la récession parodontale est une migration du parodonte en direction de la racine. Le parodonte inclut non seulement la gencive, mais aussi les trois autres tissus qui le composent, à savoir l’os alvéolaire, le ligament dentaire et le cément. On parle de récession parodontale et non de récession gingivale car les 4 tissus du parodonte sont concernés par la récession (pour une description plus précise des 4 tissus du parodonte consulter la rubrique gingivite). La première conséquence clinique est une dénudation radiculaire : en d’autres termes la racine de la dent est apparente en bouche, alors qu’elle n’est pas faite pour être mise à nu. En effet elle n’est pas recouverte d’émail comme la couronne (partie émergée de la dent). La racine est composée de dentine, recouverte d’une fine couche de cément (tissu qui permet de relier la gencive et la dent). La récession parodontale n’aboutit pas à la perte de la dent, mais une récession parodontale peut engendrer des lésions de la racine dentaire, et aucune récession parodontale n’est réversible. C’est pourquoi une prise en charge adaptée est nécessaire. (consensus de parodontie 2018 : Cortellini & Bissada « Mucogingival conditions in natural dentition: case definitions and diagnostic considerations. » Journal of Periodontology 2018 ; 89 (Suppl 1) : S204-S213).

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CAUSES DES RECESSIONS PARODONTALES


 

Les récessions parodontales peuvent avoir de multiples causes. Elles peuvent être la conséquence d’un déchaussement, autrement dit d’une parodontite, mais elles peuvent également exister indépendamment de toute maladie parodontale. On retrouve par exemple le brossage traumatique comme cause fréquente dans cette situation. Ainsi, les récessions parodontales touchent une très large part de la population : selon un groupe d’auteurs italiens, elles toucheraient jusqu’à 80% de la population générale, mais 72% des patients ayant des récessions parodontales n’en auraient pas conscience. Les auteurs soulignent en conclusion de leur étude que toutes les récessions parodontales ne nécessitent pas de greffes, même si un suivi par un ou une parodontiste est toujours recommandé. (Nieri et Al. Patient perceptions of buccal gingival recessions and requests for treatment. J Clin Periodontol. 2013 Jul;40(7):707-12.)

 

On répartit classiquement les causes des récessions parodontales en deux groupes : les facteurs prédisposants, et les facteurs déclenchants.

 

Les facteurs prédisposants

 

  • L’épaisseur de la gencive : la gencive est comme la peau, sa fonction est de protéger les tissus sous-jacents, et comme on trouve des peaux plus ou moins fragiles, la gencive peut-être plus ou moins épaisse. Il faut bien prendre en compte le fait qu’une gencive épaisse mesure environ 1 mm d’épaisseur, alors qu’une gencive fine peut mesurer moins d’un demi millimètre. Il peut être intéressant de connaître l’épaisseur de sa propre gencive afin d’adapter le brossage, qui doit être particulièrement doux lorsque la gencive est très fine.
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Gencive fine : noter les vaisseaux sanguins visibles par transparence

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Gencive fine : on voit la sonde parodontale par transparence

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Gencive épaissie par greffe de gencive, résultat à 1 an

  • Le tissu kératinisé : une gencive normale a un aspect rose pâle et piqueté comme une peau d’orange.
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Gencive épaisse : observer l’aspect résistant comme une peau d’orange

Cet aspect est dû à sa composition : il s’agit d’un tissu qui est plus résistant grâce à sa kératinisation. La couche kératinisée est comme une couche cornée augmentant la résistance du tissu. La plante du pied est un exemple de couche cornée ou kératinisée. Au niveau des gencives, cette couche kératinisée permet de croquer un sandwich baguette sans se faire mal aux gencives, ou de se brosser les dents efficacement sans douleur. Certains patients ont certaines dents dépourvues de ce tissu kératinisé, ce qui peut prédisposer aux récessions parodontales. Les greffes de gencive ont souvent pour objectif premier l’augmentation ou la création de tissu kératinisé, afin d’obtenir une stabilité à long terme de la gencive.

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Absence de tissu kératinisé

  • Malpositions et freins : des dents mal placées sur l’arcade dentaire peuvent être une cause de récessions parodontales. En effet, lorsque les dents migrent avec le temps, elles peuvent avoir tendance à sortir de la gencive. De façon plus indirecte, des dents qui se chevauchent retiennent plus le tartre. Or, le tartre étant la cause première du déchaussement, des dents mal alignées sont un facteur de risque de déchaussement et de récession parodontale. De même, un frein de lèvre mal positionné, c’est-à-dire trop proche des dents aura tendance à tracter la gencive, et peut ainsi créer une récession parodontale. Ainsi, l’alignement des dents par traitement orthodontique est un atout pour prévenir le déchaussement et les récessions parodontales.
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Frein traumatique

Les facteurs déclenchants

 

  • Parodontite : la parodontite est la maladie inflammatoire d’origine bactérienne couramment appelée déchaussement. La récession parodontale est une forme de déchaussement et peut à ce titre être la conséquence d’une parodontite. Il faudra dans ce cas commencer par traiter la parodontite avant de s’occuper des récessions parodontales : il est toujours préférable de traiter les causes avant les conséquences.
  • Brossage traumatique : on trouve des récessions parodontales chez des patients ne souffrant pas de déchaussement. Il s’agit alors souvent d’un brossage traumatique, réalisé en long avec une brosse à dent trop dure. Le changement de technique de brossage est alors indispensable, grâce aux conseils de brossage que vous donnera votre dentiste ou votre parodontiste.
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Récession parodontale créée par un brossage traumatique

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Résolution blessures après arrêt du brossage traumatique

  • Autres habitudes traumatiques : d’autres éléments peuvent abîmer les gencives et aboutir à l’apparition de récessions parodontales, comme les piercings à la langue ou à la lèvre. Le fait de ronger ses ongles ou de rogner un stylo de façon chronique peut également engendrer des lésions gingivales : on regroupe ces habitudes sous le nom de parafonctions, c’est-à-dire littéralement le fait d’utiliser la bouche pour une fonction pour laquelle elle n’est pas prévue.

 

CONSEQUENCES DES RECESSIONS PARODONTALES


 

Récession parodontale : sensibilités dentinaires

La sensibilité dentinaire est une des conséquences de la dénudation de la racine : la dentine qui la compose, qui est par conséquent apparente en bouche, n’est pas étanche comme l’émail qui recouvre la partie émergée de la dent, qu’on appelle la couronne. Cette dentine est percée de multiples petits orifices, qui mènent jusqu’au nerf de la dent. La sensibilité dentinaire peut aussi exister en l’absence de récession, c’est alors la couche d’émail qui est abîmée et qui engendre une mise à nu de la dentine. Ainsi tout stimulus comme le froid ou le chaud, mais aussi des aliments acides comme les agrumes ou les sodas, peut déclencher une douleur brève mais vive, qui disparaît dès que le stimulus cesse.

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Dentine au microscope électronique à balayage MEB, grossissement 3000 fois.
SOURCE : http://mssmat.centralesupelec.fr/en/Recherche-SIM-images

Selon le dernier consensus de parodontie, plus d’un quart de la population aurait une qualité de vie altérée par des sensibilités dentinaires. C’est donc un problème fréquent qui nécessite une prise en charge adaptée. Dans tous les cas, un diagnostic par un professionnel est souhaitable, afin de ne pas confondre les sensibilités dentinaires avec une carie par exemple. Le traitement suit un gradient thérapeutique, c’est-à-dire que le praticien propose les traitements les plus simples d’abord, avant de passer à des traitements plus complexes en cas d’échec : le traitement le plus simple consiste à adapter les habitudes alimentaires, et à appliquer des dentifrices désensibilisants. Sous certaines conditions (érosion de l’émail notamment), des composites de collet peuvent être réalisés. Enfin, des greffes de gencive peuvent être réalisées. Il faut toutefois noter que les auteurs du consensus rappellent que les greffes de gencive ne résolvent les sensibilités dentinaires que dans 7 cas sur 10 : c’est pourquoi la sensibilité dentinaire n’est jamais l’indication principale d’une greffe de gencive. (Cortellini & Bissada « Mucogingival conditions in natural dentition: case definitions and diagnostic considerations. » Journal of Periodontology 2018 ; 89 (Suppl 1) : S204-S213.)

 

POUR ALLER PLUS LOIN :

 

Récession parodontale : conséquences esthétiques

 

Les récessions parodontales engendrent des modifications esthétiques : les racines apparentes en bouche donnent l’impression d’avoir des dents plus longues. De plus, la racine dentaire a une couleur plus sombre que l’émail des dents, qui est plus blanc. Ainsi, les récessions parodontales, et les dénudations radiculaires qui en découlent, peuvent avoir un aspect disgracieux. Sous certaines conditions, la greffe de gencive permet d’obtenir le recouvrement de la racine par de la nouvelle gencive. Le résultat esthétique des greffes de gencive a beaucoup été étudié depuis 20 ans, et les résultats peuvent parfois permettre d’obtenir une nouvelle gencive identique à la gencive avoisinante. Toutefois cela n’est pas toujours possible, et dépend de la situation initiale. Dans cette situation, le parodontiste pourra renseigner le patient sur le pronostic de recouvrement, ainsi que sur le pronostic esthétique en fonction de la situation initiale propre à chacun.

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Récessions parodontales avec impact esthétique

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Greffe de gencive avec recouvrement radiculaire

Récession parodontale : conséquences dentaires

 

La mise à nu de la racine dentaire peut enfin engendrer des problèmes dentaires : la dentine apparente en bouche est plus fragile que l’émail qui recouvre naturellement la partie émergée de la dent (couronne). Cette dentine est alors soumise à l’érosion des acides présents dans l’alimentation, de ceux provenant de l’estomac le cas échéant (reflux gastro-œsophagiens RGO), ou de l’abrasion des brosses à dent par exemple. On voit alors apparaître des lésions cervicales non carieuses LCNC.

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Lésion cervicale non carieuse LCNC

Ces lésions cervicales non carieuses ont fait l’objet de nombreux articles : un auteur italien du nom de Pini-Prato a proposé une classification en 2010 (Pini-Prato et Al.  Classification of dental surface defects in areas of gingival recessions. J Periodontol 2010;81: 885-890.), ce qui a permis de développer des traiements adaptés à chaque situation. Elles sont compliquées à traiter car requièrent des traitements multidisciplinaires. Après le contrôle des nombreuses causes (plaque dentaire, tartre, brossage, parodontite, malpositions, habitudes traumatiques, alimentation, RGO notamment), le traitement peut inclure de la dentisterie adhésive (collage de résines composites), des greffes de gencive, ou même parfois les deux.

 

Enfin, les récessions parodontales, et les dénudations radiculaires qu’elles engendrent, peuvent favoriser les caries du collet de la dent. Ainsi, pour toutes ces raisons, les récessions parodontales nécessitent une prise en charge adaptée, qui peut aller du simple suivi (maintenance parodontale) au traitement chirurgical (greffe de gencive).

 

Lorsque la greffe de gencive a réussi, elle est stable à très long terme, comme en atteste la greffe en photo ci‐dessous : cette greffe a été réalisée au cabinet de parodontie par le Dr Detienville en 1984, et la photo a été prise en 2019. Le recul est donc de 35 ans, et la greffe n’a pas bougé pendant ce temps.

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Greffe épithélio-­conjonctive réalisée il y a 35 ans par le Dr Detienville

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