TECHNIQUE OPERATOIRE ET BIOLOGIE DE LA CICATRISATION
Après anesthésie locale, la dent est retirée en la séparant méticuleusement des tissus adjacents. Le ligament dentaire est luxé en douceur, et le cément qui recouvre la racine est retiré avec la dent. Les deux tissus restants sont préservés au maximum : il s’agit de la gencive et de l’os alvéolaire qui tenait la dent. Pour préserver la gencive, le parodontiste peut être amené à réaliser un petit lambeau, c’est-à-dire que la gencive est séparée des tissus sous-jacents, afin de la préserver au maximum. La préservation de l’os est-elle réalisée pendant et après l’intervention : pendant grâce à une séparation minutieuse de la racine dentaire et de l’os qui l’entoure, parfois réalisée à la fraise, et après grâce aux procédures qui facilitent la cicatrisation.
Après retrait de la dent, l’alvéole se comble d’un caillot sanguin. Ce caillot est comparable à une croute sur la peau, mais il est beaucoup plus volumineux. Comme la croute de sang coagulé, ce caillot est très fragile dans les premières heures et les premiers jours qui suivent l’intervention. Toute sollicitation mécanique directe (brossage ou mastication) devra être évitée dans la semaine qui suit. A défaut, la cicatrisation redémarre au début, comme si on arrache une croute cutanée. Pour faciliter la stabilité essentielle de ce caillot, des sutures seront toujours réalisées. Ces sutures permettent de diminuer les complications post-opératoires, notamment l’alvéolite, qui est une inflammation douloureuse de l’os de l’alvéole, lorsque celui-ci est exposé en bouche. De plus, en fonction des capacités de cicatrisation propres à chaque patient, une aide à l’établissement du caillot pourra être proposée : il s’agit d’une éponge de collagène résorbable insérée dans l’alvéole, qui accélère et sécurise les premiers stades de la cicatrisation. Dans la semaine qui suit l’extraction, le caillot sanguin change d’aspect : de rouge bordeaux, il devient jaunâtre. Il se change en fibrine, et il prend un aspect blanc jaune, avec une consistance de gel. Ce caillot de fibrine peut parfois être confondu avec du pus. Il ne faut pourtant jamais toucher ce caillot, car la cicatrisation dépend de son établissement. En d’autres termes, il ne faut pas toucher la zone d’extraction dans la semaine qui suit l’intervention, quel que soit l’aspect de la plaie. En cas de doute, il vaut mieux contacter le cabinet de parodontie. Cette fibrine permet alors la différenciation des cellules : la gencive va refermer l’alvéole en 14 jours, et l’os va se remanier en dessous pendant 3 à 6 mois. Cette phase de remaniement osseuse se déroule sans que le patient ne ressente quoi que ce soit. Le fil de suture est retiré au cabinet de parodontie en moyenne une semaine après l’extraction : ce bref rendez-vous permet au parodontiste de vérifier que la cicatrisation se passe bien. Enfin, l’extraction peut parfois nécessiter une greffe osseuse concomitante, consulter la rubrique greffes osseuses pour plus d’informations.
POUR ALLER PLUS LOIN
- NOTION DE DENTS SANS ESPOIR : lors du bilan parodontal de réévaluation, il arrive que certaines dents présentent une indication d’extraction alors qu’elles ne sont pas douloureuses. C’est-à-dire que ces dents réunissent plusieurs paramètres qui permettent de dire que leur conservation à long terme est compromise : perte osseuse supérieure à la moitié de la hauteur de la racine, atteinte de furcation importante, persistance de poche supérieure à 6 mm sans possibilité de correction chirurgicale, ou encore malposition importante sans option orthodontique. Il est alors parfois possible de conserver ces dents quelque temps : toute solution de remplacement des dents aura une durée de vie limitée dans le temps (10 ans en moyenne), que ce soit avec des implants, des bridges ou des appareils amovibles. Ainsi différer le remplacement des dents permet d’augmenter l’espérance de vie avec des dents ou avec des prothèses fonctionnelles. La conservation d’une dent sans espoir est toutefois assortie de conditions strictes : absence de contamination bactérienne aux dents voisines, absence d’implants ou de projet d’implants à proximité, bonne santé générale, et surtout surveillance très rigoureuse grâce à une maintenance parodontale rapprochée, dont la fréquence peut atteindre 4 séances par an. (Schwendicke et Al. Validation of multivariable models for predicting tooth loss in periodontitis patients. Journal of Clinical Periodontology 2018 June ; 45(6):701-710.)
- Recommandations de la fédération française de cardiologie : la porte d’entrée la plus fréquente des bactéries dans la circulation sanguine est la bouche : https://www.fedecardio.org/Les-maladies-cardio-vasculaires/Les-pathologies-cardio-vasculaires/les-valvulopathies
- La dent de sagesse peut être extraite selon les mêmes principes de préservation tissulaire que les autres dents. Dans ce cas, le but n’est pas de préserver les tissus pour poser un implant, mais de diminuer les suites opératoires en diminuant le trauma chirurgical. L’indication de la dent de sagesse en parodontie est souvent liée à une malposition, et donc à une accumulation incontrôlable de plaque dentaire et de tartre. La HAS a publié des recommandations concernant l’extraction de la dent de sagesse en mai 2019, que vous pouvez retrouver ici : https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2019-07/avulsion_des_3es_molaires_indications_techniques_et_modalites_-_recommandations.pdf