Tabac / tabagisme et parodonte

tabagisme et parodonte cabinet de parodontie paris 11

A RETENIR :

  • Le tabac provoque et aggrave le déchaussement (parodontite).
  • Le tabac provoque des cancers de la bouche, qui sont les deuxièmes plus meurtriers après les cancers du poumon.
  • Le tabac complique la cicatrisation et interdit toute chirurgie : pour une greffe ou pour des implants dentaires, il faut arrêter de fumer un mois avant et un mois après l’intervention.

Le tabac tue un fumeur régulier sur deux, fait perdre 20 à 25 ans d’espérance de vie, et demeure la première cause de mortalité évitable en France (Haute Autorité en Santé HAS 2014). Si le cancer du poumon reste le cancer le plus meurtrier en France, les cancers orofaciaux sont classés comme les deuxièmes plus meurtriers. Le dépistage se faisant chez le dentiste ou le parodontiste, il est donc important de consulter régulièrement. Toutefois, outre les cancers, le tabac a de nombreux autres effets néfastes sur les gencives : d’une part il aggrave la parodontite (déchaussement des dents), et d’autre part il complique toute intervention chirurgicale.

 

TABAC ET PARODONTITE


 

La parodontite (ou déchaussement des dents) est un déséquilibre entre les agressions bactériennes et les défenses immunitaires. La gencive est une muqueuse qui se comporte comme une barrière entre l’intérieur et l’extérieur de l’organisme, et qui est à ce titre le siège d’une lutte entre les bactéries opportunistes d’un côté et le système immunitaire de l’autre : le tabac rend non seulement les bactéries plus agressives, mais il diminue également les défenses immunitaires, notamment en réduisant le flux sanguin. Les vaisseaux sanguins qui irriguent les gencives sont de tout petits vaisseaux terminaux, et le tabac est un puissant vasoconstricteur : le Pr Monique Brion a pu montrer que le flux sanguin dans les vaisseaux sanguins des gencives d’un fumeur était 20 fois moindre que celui d’un non-fumeur.

 

Ainsi, fumer augmente la sévérité de la parodontite, et diminue le pronostic des traitements que pourra proposer le parodontiste. C’est pourquoi la prise en charge d’un patient fumeur pour une parodontite inclura systématiquement une incitation au sevrage tabagique. Il faut savoir que l’effet du tabac sur les gencives est dose-dépendant : toute réduction de la quantité de tabac fumé améliorera le pronostic du traitement, même si l’arrêt définitif reste la meilleure option. Pour ce faire, un accompagnement est souvent nécessaire : les substituts nicotiniques éliminent toute nocivité sur les gencives, et la cigarette électronique reste moins mauvaise que le tabac lui-même. Le tabac augmente aussi les risques de péri-implantites, c’est-à-dire de déchaussement autour des implants, il est donc vivement déconseillé de fumer lorsqu’on a des implants en bouche, mais aussi et surtout lors de la chirurgie implantaire.

TABAC ET CHIRURGIE


 

De nombreux traitements nécessaires pour stabiliser une parodontite sont chirurgicaux : les chirurgies parodontales et les greffes de gencive ne peuvent pas être pratiquées chez le patient fumeur. Toute chirurgie est basée sur la cicatrisation, et toute cicatrisation requiert une bonne vascularisation. Or le tabac est un puissant vasoconstricteur qui diminue le flux sanguin, et augmente donc les complications post-opératoires. C’est pourquoi avant d’envisager une chirurgie chez un patient fumeur, il lui sera demandé d’arrêter de fumer un mois avant : un délai moindre ne permet pas de bénéficier des bienfaits de l’arrêt du tabac pour l’intervention (Société Française de Anesthésistes Réanimateurs SFAR 2016). De même, après l’intervention, il ne faut pas fumer pendant un délai minimal d’1 mois, voire plus dans les cas de chirurgies osseuses. En effet l’os cicatrise plus lentement que la gencive. L’os natif (os présent sur place avant l’intervention) nécessite 3 mois de cicatrisation : c’est le cas lors d’une extraction dentaire atraumatique ou lors d’une chirurgie implantaire simple. L’os greffé (os autogène ou biomatériau osseux) nécessite 6 à 9 mois de cicatrisation : c’est le cas lors d’une greffe osseuse ou lors d’un sinus lift. Ainsi, on parle de fenêtre thérapeutique chirurgicale : il sera demandé à tout patient fumeur d’arrêter de fumer un mois avant toute intervention chirurgicale, et jusqu’à 9 mois après. Ceci peut être l’occasion d’arrêter complétement. La Société Française des Anesthésistes Réanimateurs précise que cet arrêt multiplie par 3 les chances de convertir cet arrêt temporaire en arrêt définitif (SFAR consensus 2016).

 

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